La route de la Trace, les Pitons du Carbet et le Jardin de Balata
La Route de la Trace est une ancienne voie de communication créée par les Jésuites au XVIIIème siècle pour relier Fort de France à la commune du Morne Rouge au nord de l’île. Aujourd’hui modernisée et transformée en route Nationale, elle serpente au milieu des magnifiques paysages des Pitons du Carbet (1100m d’altitude) pour aboutir sur le plateau du Morne Rouge, aux pieds de la Montagne Pelée (1397m). Tout le long, la végétation est reine. Des gommiers, des palétuviers jaunes, des arbres immenses culminant souvent à plus de 30 mètres de haut s’élancent à l’assaut de reliefs volcaniques abrupts, creusés de profondes ravines. Au sol d’impressionnantes fougères arborescentes et des buissons de bambous aux troncs d’une largeur respectable se partage l’espace avec les lianes et autres nombreuses plantes épiphytes suspendues aux arbres. Une luxuriance et une biodiversité typiques des forêts tropicales humides où chaleur et humidité permettent aux végétaux de croître à une vitesse effarante. Impénétrable à bien des endroits, la forêt qui borde la Route de la Trace se laisse pourtant facilement découvrir grâce aux sentiers de randonnées, et aux nombreux cours d’eau qui la traversent. Des rivières dont on peut souvent suivre le lit, et qui dans leurs sections les plus accidentées font la joie des adeptes du canyoning.
Partant du nord de Fort de France, la Route de la Trace commence réellement au niveau du Jardin de Balata à une dizaine de kilomètres de la capitale martiniquaise. Un des plus beaux jardins botaniques des Petites-Antilles qui constitue une excellente introduction à la découverte de la richesse végétale du nord de l’île.
La ville de Saint-Pierre, l’ancien « Petit-Paris » des Antilles, détruite par l’éruption de 1902
L’ancienne capitale de la Martinique, réduite en cendres par l’éruption de mai 1902, est aujourd’hui une petite ville tranquille blottie entre la mer Caraïbe et les contreforts de la Montagne Pelée. Autrefois siège des élites martiniquaises et concentrant l’essentiel des activités économiques de l’île, l’ancien « Petit-Paris » des Antilles était alors célèbre dans toute les Caraïbes pour sa vie culturelle et festive intense. Pour sa beauté et pour sa modernité aussi. Du petit fort établi au premiers temps de la colonisation (1635) pour contrôler la baie et se prémunir des attaques des indiens caraïbes ou des vaisseaux anglais, les colons enrichis dans le commerce du sucre et le trafic d’esclaves, avaient fait patiemment une copie version créole des villes les plus dynamiques de métropole. De belles maisons de villes en pierre d’architecture classique, un confort moderne omniprésent (tramway, éclairage public, caniveaux …), un théâtre, copie conforme de celui de Bordeaux, une bourse du commerce, des lycées, une cathédrale majestueuse, et une foule lieux de loisirs aptes à assouvir les envies des nombreux marins à l’escale dans la baie.
30000 morts soit la quasi-totalité de sa population, des quartiers entièrement rasés et le danger toujours présent d’une nouvelle éruption ont figé la ville dans une douce torpeur que la modernité à bien du mal à réveiller. Et tant mieux, car c’est ce qui séduit ici. Des petites ruelles tranquilles, de belles voies pavées, et de nombreux vestiges de la splendeur passée comme les ruines du théâtre ou celle des magasins des riches négociants du port offrent une balade émouvante chargée d’histoire tout à fait charmante.
Depaz, JM, Saint-James, les distilleries du nord de la Martinique à visiter sans modération
Autant le dire tout de suite, quitter la Martinique sans avoir visiter quelques rhumeriesserait un crime. Tout d’abord parce que c’est ici que s’élabore un des plus fameux rhums agricoles au monde, et ensuite parce que ce serait passer à côté d’un des éléments majeurs constitutifs de l’âme martiniquaise. Non pas que toute la population biberonne au Ti-Punch. Quoi que. Mais qu’ici, aux Antilles le rhum c’est toute une histoire. Une histoire douloureuse faite de travail contraint dans les champs, et d’un savoir faire unique élaboré au fil des ans.
Beaucoup moins nombreuses qu’à leur apogée, au début du XXème siècle, lorsque les distilleries martiniquaises étaient les premières productrices de rhum au monde, les rhumeries encore actives sur l’île sont réparties sur tout le territoire. Au nord de la Martinique, trois d’entre elles méritent largement une petite visite. Depaz au nord de Saint-Pierre, Saint-James à Sainte-Marie et JM Crassous de Medeuil à Basse-Pointe. Dans chacune d’elle, des parcours aménagés permettent de suivre l’intégralité du processus d’élaboration du rhum agricole et d’en goûter quelques-uns. Une balade à envisager idéalement au moment de la récolte de la canne à sucre, approximativement mai – juin, pour assister au balai des tracteurs chargés de canne, et au début de la transformation, avec le broyage des tiges dans d’antiques machines chargées d’en extraire le jus avant distillation. Mais la visite reste passionnante tout le long de l’année.
Anse Céron, Anse Couleuvre … les plages de sable noir du Nord-Caraïbes.
Volcanique, la région l’est sans aucun doute. Le majestueux sommet de la Montagne Pelée est là pour le rappeler. Les plages de sable noir de la côte nord-caraïbe de la Martinique aussi. L’Anse Céron notamment, ainsi que l’Anse Couleuvre. Deux très belles plages de sable fin et noir trempant dans la mer des Caraïbes, à quelques kilomètres au nord de la commune du Prêcheur.
Grand Rivière, au bout du monde, un village de pêcheur authentique.
Longtemps complètement enclavé à l’extrémité nord de la Martinique, le bourg de Grand-Rivière lové aux pieds d’imposantes falaises jouit d’un cadre naturel absolument magnifique. Principalement tourné vers la pêche, le village vit tranquillement au rythme des allers et venus des gommiers partis pêcher en mer. L’alignement parfait des bateaux échoués sur le sable, les noms amusants qui leurs sont souvent donnés, les cabanes de pêcheurs, et les rouleaux qui se fracassent derrière la digue du petit port invitent à paresser ici un long moment, avant de reprendre la très belle route qui longe la côte atlantique. Une sorte de mini-montagne russe escaladant et dévalant les pentes des reliefs du nord de la Martinique, livrant de ci de là de somptueux point de vue sur la mer et la forêt tropicale environnante.