Tête-à-tête, face-à-face. Dans Chronique d’une liaison passagère, le nouveau film d’Emmanuel Mouret, présenté le 21 mai dans la sélection Cannes Première, avant une sortie en salle à l’automne, un homme et une femme s’aiment, sans détour ni engagement. « J’aimais l’idée de deux amants qui décident de ne se voir que pour le plaisir, sans rien projeter, happés par le bonheur d’être ensemble », raconte le cinéaste, qui a choisi Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain comme interprètes. Une simplicité qui se compliquera très vite. Comme souvent dans le cinéma d’Emmanuel Mouret.
« C’est un peu une fête de famille. Quand le dimanche s’achève, on sait qu’on se retrouvera au prochain anniversaire. » David Faivre, chef décorateur
Imbroglios, malentendus, digressions, quiproquos, maladresses, tâtonnements, marivaudages de pacotille et questions philosophiques font, depuis onze longs-métrages, le sel de ses intrigues, de Laissons Lucie faire ! (2000) à Mademoiselle de Joncquières (2018), de Un baiser s’il vous plaît ! (2007) à Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020).
Dans les films du Marseillais, on parle d’amour davantage qu’on ne le fait. Des « hypernarrations », comme il aime à qualifier ces histoires, toujours chorales, vives, nourries par ses lectures des auteurs qui ont tenté de décrypter le sentiment amoureux : La Rochefoucauld, Bataille, Lacan, Barthes ou Jankélévitch… Avec, toujours, la question de la durée des passions, et de la fidélité.
Un dialogue ininterrompu
Fidèle ? Peu de réalisateurs le sont autant que lui. A 51 ans, Emmanuel Mouret travaille toujours avec l’ingénieur du son Maxime Gavaudan, un ami de lycée, et fait confiance à Frédéric Niedermayer, son producteur depuis vingt ans, issu de la même promotion de la Fémis. « Il existe entre nous une camaraderie au long cours, comme si on poursuivait un travail, une quête, de film en film », dit-il. Niedermayer parle, lui, d’un « dialogue ininterrompu ». Ensemble, ils discutent du prochain long-métrage à produire, parmi les divers projets que Mouret a toujours sous le coude, bâtissent le casting main dans la main. « Il me raconte des débuts d’histoires et regarde si ça m’intéresse. Et comme c’est un garçon délicat, il ne continue pas s’il voit que je fronce les sourcils », se félicite le producteur.
Devant la caméra, aussi, Emmanuel Mouret aime à s’attacher. Ses films des années 2000, des comédies acidulées à la Woody Allen dans lesquelles lui-même faisait l’acteur, avec son visage d’étudiant en lettres lunaire, ont souvent reposé sur le duo savoureux qu’il formait avec Frédérique Bel, ancien mannequin au talent comique affûté. Il a également fait tourner Cécile de France, Anaïs Demoustier, Virginie Efira, Laure Calamy, Emilie Dequenne… Autant d’actrices qui ont trouvé de la douceur dans son regard.
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