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FANNY MICHAELIS

Le cinéma est-il mort ou vif, bousculé par les plates-formes et affaibli par le Covid ?

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Publié le 13 mai 2022 à 07h45, modifié le 14 août 2022 à 11h57

Temps de Lecture 11 min.

Chaque matin à son réveil, le cinéma se demande s’il est encore en vie. La réponse n’est jamais la même. Le triomphe planétaire de Doctor Strange in the Multiverse of Madness (450 millions de dollars de recettes en un week-end, début mai, soit environ 426 millions d’euros) confirme, après le succès de The Batman, que les adolescents de tous âges sont toujours disposés à emplir les salles qui leur proposent des super-héros familiers. Six semaines plus tôt, l’échec d’Ambulance, de Michael Bay, ci-devant roi du box-office, qui devait cette fois se contenter de 50 millions de dollars de recettes, sonnait, pour les analystes américains, le glas du film d’action sur grand écran, le genre ayant été préempté par les plates-formes de streaming, qui sont devenues les premiers employeurs des acteurs spécialistes du genre comme Mark Wahlberg ou Charlize Theron.

En France, il manque toujours aux salles entre un quart et un tiers des spectateurs par rapport à l’avant-pandémie : ils étaient 13,9 millions en avril 2022, contre 18,05 millions trois ans plus tôt. Bien sûr, la part de marché du cinéma français s’est envolée, à 49,2 % sur les quatre premiers mois de l’année 2022, pendant que le cinéma américain s’effondrait, passant de 55,7 % en 2019 à 27,3 % sur cette période. Mais, parmi les quatre-vingts films ayant rencontré le plus de succès au cours de l’année écoulée, selon le classement établi par l’hebdomadaire professionnel Le Film français, deux seulement, En corps, de Cédric Klapisch, et Un autre monde, de Stéphane Brizé, relèvent du cinéma d’auteur. Les recettes sont allées aux itérations de franchises comiques, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? (Philippe de Chauveron), Les Tuche (Olivier Baroux), Kaamelott (Alexandre Astier), et à BAC Nord (Cédric Jimenez).

Quant aux films américains, le rétrécissement de leur audience s’explique avant tout par la raréfaction des sorties en salle. Les grands studios, à commencer par le plus grand d’entre eux, Disney, ont des plates-formes à alimenter et préfèrent leur réserver les longs-métrages qu’ils présentent ou acquièrent dans les festivals. En France, ce phénomène a pour conséquence d’appauvrir la production locale, qui était en partie financée par la taxe sur les entrées en salle à laquelle contribuaient, sans en bénéficier, les productions hollywoodiennes.

Mécènes munificents

Mais, au moment où le triomphe des plates-formes, qu’elles soient issues de l’univers de la tech (Netflix, Amazon Prime Video, AppleTV+) ou de la mutation des studios (Disney+, HBO Max…), semblait aussi inéluctable que celui des zombies dans un film de George Romero, il a suffi que Netflix perde 200 000 abonnés (sur 222 millions, une baisse en partie due à l’abandon du marché russe) pour que l’on discerne, dans ce premier recul, l’échec du modèle industriel défendu par ses dirigeants, Reed Hastings et Ted Sarandos, qui ont toujours vu dans la salle de cinéma un simple moyen de promotion pour des « contenus » à consommer sur les écrans domestiques. Confrontée à la nécessité d’économies drastiques, la plate-forme pourra-t-elle, voudra-t-elle, rester le mécène munificent qui a financé The Irishman, de Martin Scorsese, pour un budget qui est d’ordinaire celui d’un film Marvel ? Pour l’instant, la réponse reste oui. Il y a une quinzaine de jours, Netflix annonçait l’acquisition, pour le monde entier, de Bardo, le prochain long-métrage d’Alejandro Gonzalez Iñarritu, la plate-forme jurant que le film sortirait partout en salle.

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