Le prix élevé de l’essence pousse certains propriétaires de véhicules récréatifs (VR) à revoir leurs projets de vacances pour l’été. Les amateurs de longues escapades pourraient-ils se tourner vers des modèles à motorisation électrique pour alléger la facture et polluer moins ? Pas pour l’instant. Ce qui n’empêche pas certains campeurs de tirer une roulotte avec leur voiture électrique…

Face à un prix de l’essence à près de 2 $ le litre, nombre de campeurs iront moins loin que prévu pendant leurs prochaines vacances, révèle un sondage de la Fédération québécoise de camping et de caravaning (FQCC). Près de 17 % des membres du groupe sondés sur le web iront ainsi camper plus près de la maison et environ un campeur sur cinq pense rester plus longtemps dans un même endroit afin de limiter ses dépenses.

Mais tous les campeurs n’ont pas l’intention de modifier leurs projets estivaux, s’il faut en croire le coup de sonde de la FQCC. Au contraire. Quelque 20 % des répondants feront des économies ailleurs pour compenser des frais de transport accrus et 37 % ne changeront rien à leurs plans. Après deux étés où leurs déplacements ont été restreints par les mesures pour limiter la propagation de la COVID-19, les campeurs ont soif de liberté, juge Louise Gagnon, directrice des communications à la FQCC. « Comme ils peuvent recommencer à voyager, les gens ne vont pas s’en empêcher. Plusieurs campings sont déjà complets pour l’été. »

Directeur des ventes chez Horizon Lussier, concessionnaire de VR situé à Marieville, Serge Maheux estime que les acheteurs de gros motorisés ne sont d’ailleurs pas préoccupés par le prix de l’essence. « Quand vous dépensez 200 000, 300 000 ou 400 000 $ pour un motorisé, je ne pense pas que ça a un impact », fait-il observer.

Il reste qu’avec l’augmentation constante des prix à la pompe, et une conscience écologique accentuée par la crise climatique, les petits véhicules récréatifs gagnent en popularité.

La tendance est aux véhicules fourgons, qui sont aménagés. C’est vraiment le créneau qui est en forte hausse.

Louise Gagnon, directrice des communications à la FQCC

Et pourquoi ne pas se tourner vers des VR à motorisation électrique ? Parce que même s’il existe quelques prototypes, on n’en trouve pas encore sur le marché. La technologie ne permet pas de proposer des produits avec une autonomie suffisante, souligne Dominique Nadeau, présidente de Safari Condo, une entreprise québécoise qui aménage des VR dans des véhicules commerciaux.

PHOTO FOURNIE PAR SAFARI CONDO

Dominique Nadeau, présidente de Safari Condo, qui a conçu une roulotte pour les véhicules électriques.

Descendre en Floride avec un Transit qui fait 200 km de la recharge, ce n’est pas fantastique.

Dominique Nadeau, Safari Condo

Même si GM annonce l’arrivée de camions avec une plus grande autonomie, jusqu’à 640 km, encore faudra-t-il trouver où placer les réservoirs d’eau et de propane si les batteries occupent déjà tout le dessous du véhicule. « Il y a des études à faire pour voir comment on peut adapter les produits, précise Mme Nadeau. Pour l’instant, nous n’avons donc pas de plans concrets. »

Une roulotte dans le vent

  • La Tesla X de Redmond Hayes et la caravane A2124 de Safari Condo

    PHOTO SYLVAIN MAYER, LE NOUVELLISTE

    La Tesla X de Redmond Hayes et la caravane A2124 de Safari Condo

  • Redmond Hayes a roulé plus de 200 000 km avec sa Tesla X achetée en 2017, dont une bonne part en tirant une roulotte.

    PHOTO SYLVAIN MAYER, LE NOUVELLISTE

    Redmond Hayes a roulé plus de 200 000 km avec sa Tesla X achetée en 2017, dont une bonne part en tirant une roulotte.

  • L’autonomie de sa Tesla, d’environ 475 km, est réduite de moitié quand il tire la caravane. Cela ne l’a pas empêché de se rendre jusqu’en Floride.

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE REDMOND HAYES

    L’autonomie de sa Tesla, d’environ 475 km, est réduite de moitié quand il tire la caravane. Cela ne l’a pas empêché de se rendre jusqu’en Floride.

  • La caravane A2124 de Safari Condo est spécialement conçue pour être tractée par un véhicule électrique.

    PHOTO FOURNIE PAR SAFARI CONDO

    La caravane A2124 de Safari Condo est spécialement conçue pour être tractée par un véhicule électrique.

  • La caravane A2124 de Safari Condo est le fruit d’une collaboration avec Redmond Hayes.

    PHOTO FOURNIE PAR SAFARI CONDO

    La caravane A2124 de Safari Condo est le fruit d’une collaboration avec Redmond Hayes.

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Or, Safari Condo, qui fabrique aussi des roulottes, en propose une conçue pour être tractée par un véhicule électrique depuis deux ans déjà. L’A2124 est le fruit d’une collaboration avec Redmond Hayes, un retraité qui a acheté un Tesla Model X en 2017 dans le but de parcourir l’Amérique du Nord en faisant du camping. Insatisfait du rendement de sa voiture avec sa roulotte F1743 au toit rétractable, et après avoir bricolé une pièce en plastique pour tenter de l’améliorer, M. Hayes a été invité à travailler avec l’équipe de Safari Condo.

La perte d’autonomie n’est pas liée tellement au poids qu’on tire, mais vraiment à l’aérodynamisme de l’ensemble.

Redmond Hayes, voyageur

À l’issue de tests en soufflerie virtuelle, Safari Condo a pu réduire de 50 % le coefficient du modèle développé avec le concours de M. Hayes. « On parle d’à peu près 15 % d’économie d’énergie — d’essence ou d’électricité — pour tirer la caravane A2124 », explique Dominique Nadeau. Les acheteurs de camionnettes électriques, que proposent de plus en plus de constructeurs, seront heureux de l’apprendre.

En 2019, Redmond Hayes s’est rendu jusqu’en Californie en tirant sa nouvelle roulotte, un voyage aller-retour de 13 000 km. Évidemment, il a dû faire des arrêts assez fréquents pour des recharges. L’autonomie de sa Tesla, d’environ 475 km, est réduite de moitié quand il tire la caravane. « J’ai fait le compromis parce que je voulais prouver que c’était possible, dit celui dont le véhicule a maintenant 200 000 km au compteur. Mais il y a nettement un intérêt pour cette façon de voyager… si vous aviez vu le nombre de personnes qui venaient me poser des questions ! »

Redmond Hayes sera d’ailleurs au stand de Safari Condo au prochain Salon du véhicule électrique de Québec, qui se tiendra au Centre de foires de la Vieille Capitale, du 13 au 15 mai prochains, pour échanger avec les curieux. Il promet de parler autant des hauts que des bas de son expérience. « Il y a un gros bémol du côté des stations de recharge, cite-t-il comme exemple des désagréments du caravanage en mode électrique. La plupart n’ont pas été configurées pour des véhicules avec une remorque. Il faut donc décrocher la roulotte pour se brancher. »

Un VR solaire

PHOTO TIRÉE DU SITE SOLAR TEAM EINDHOVEN

Le concept Stella Vita

Des étudiants de l’Université technique d’Eindhoven, aux Pays-Bas, ont présenté l’automne dernier un véhicule récréatif équipé de cinq panneaux solaires qui alimentent à la fois son bloc moteur, mais aussi la cuisine et même une télévision. Baptisé Stella Vita, ce VR abrite également un lit pour deux personnes ainsi qu’une salle de bains avec douche, lavabo et toilettes. Il a parcouru près de 2000 km lors de son voyage inaugural en Europe.

En savoir plus
  • Entre 200 $ et 300 $
    Au Québec, il en coûte entre 200 $ et 300 $ pour parcourir 20 000 km en véhicule électrique. Avec un litre à 2 $ à la pompe, ces frais en énergie sont près de 12 fois moins élevés que ceux d’un véhicule à essence.
    Source : Énergies et Ressources naturelles Québec
    133 000
    C’est le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables qui roulaient sur les routes du Québec en février 2022. Au 31 décembre 2021, près de 7 millions de véhicules étaient immatriculés au Québec, dont 5 millions de véhicules de promenade et 10 940 habitations motorisées.
    Sources : Énergies et Ressources naturelles Québec, Société de l’assurance automobile du Québec