TEMOIGNAGE. Lot : un bénévole du Secours Populaire raconte son voyage à la frontière de l'Ukraine

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  • Jean Marchal et Jean-Louis Rolland, tous deux bénévoles au Secours Populaire France, sont partis trois semaines en Pologne.
    Jean Marchal et Jean-Louis Rolland, tous deux bénévoles au Secours Populaire France, sont partis trois semaines en Pologne. Photo DR
Publié le , mis à jour
Aouregan Texier

l'essentiel Pendant trois semaines, Jean Marchal, bénévole au Secours Populaire, est parti en Pologne, aux portes de la frontière ukrainienne. Un voyage pour la solidarité.

"Dès qu'il y a un conflit armé, il faut être présent pour les populations sur place. C'est le rôle du Secours Populaire", affirme Jean Marchal, administrateur et bénévole depuis trente ans dans l'association. Il est principalement chargé du développement de la solidarité dans les PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale). Cadurcien depuis la retraite, il revient de trois semaines en Pologne, à la frontière du conflit. 

Un centre solidaire organisé

Deux équipes du Secours Populaire ont été envoyées aux bordures ukrainiennes : l'une en Roumanie et en Moldavie, l'autre en Pologne. Jean Marchal fait partie de ce deuxième groupe, accompagné par Jean-Louis Rolland. Fidèles compagnons de voyages humanitaires (Tchétchénie, ex-Yougoslavie...), ils sont partis le 22 mars à Przemysl, ville polonaise située à 12 km de l'Ukraine.

A Przemysl, un centre s'organise pour accueillir les réfugiés qui viennent d'Ukraine.
A Przemysl, un centre s'organise pour accueillir les réfugiés qui viennent d'Ukraine. Photo DR

Tous les jours, ils étaient sur le terrain. Dans ce TESCO (supermarché - NDLR) transformé en centre d'accueil, 15 000 m2 s'organisent : inscriptions, soins médicaux, alimentation, lits... Tout pour accueillir au mieux les réfugiés. "Ce sont surtout des femmes, avec un baluchon et leurs enfants. Parfois, des personnes handicapées. Elles arrivent à pied par l'entonnoir de Medyka", dépeint Jean Marchal. Au début de son voyage, environ 2 000 réfugiés arrivaient par jour. Vers les cinq derniers jours, ils n'étaient plus qu'une vingtaine. "Beaucoup restent en Ukraine. Notamment les personnes âgées qui tiennent bon, même quand leur maison est bombardée, confie-t-il. Quelque chose qui m'a marqué, c'est de voir ces gens arriver avec leurs chiens. Les animaux sont un point de repère pour eux. Dans le centre, il y avait un local de 1 000 m2 rempli de croquettes."

Aujourd'hui, 1 500 réfugiés vivent dans le centre polonais. "Ils espèrent que la guerre va se terminer rapidement pour retourner en Ukraine. Mais on ne sait pas combien de temps cela va durer", souffle Jean Marchal. 

Plusieurs missions

Sur place, la mission première du Secours Populaire est de repérer les besoins matériels (comme les poussettes), puisque l'aide alimentaire est organisée par l'Europe via le Fonds européen d'aide aux plus démunis. L'association fait le choix des dons financiers : "On trouve un partenaire là-bas, une association fiable. Notre rôle, c'est ensuite de lui financer ce qui est nécessaire", détaille Jean Marchal. En Pologne, c'est PKPS qui organise la solidarité aux frontières ukrainiennes, une association qui vient en aide aux personnes âgées, handicapées et sans domicile fixe. "Souvent, les bénévoles me disaient : on n’était pas fait pour ça, mais dans l'urgence on y arrive", raconte Jean Marchal. "On leur a permis d'acheter sept laveries, des kits d'hygiènes femmes et enfants, des médicaments... Tout est acquis sur place pour correspondre au mieux aux besoins", affirme le bénévole. 75 000 euros ont déjà été apportés en Pologne, une deuxième enveloppe un peu plus conséquente se prépare. Les dons sont similaires en Moldavie et Roumanie.

Jean Marchal et Jean-Louis Rolland sont accompagnés par Hanna, une traductrice Ukrainienne (ici à la mairie de Truskawiec).
Jean Marchal et Jean-Louis Rolland sont accompagnés par Hanna, une traductrice Ukrainienne (ici à la mairie de Truskawiec). Photo DR

Les deux bénévoles du Secours Populaire ne sont pas seulement restés en Pologne. "Il fallait qu'on vérifie que les couloirs humanitaires étaient bien sécurisés, pour être sûr que l'aide alimentaire parvienne bien aux villes ukrainiennes", explicite Jean Marchal. Accompagnés de leur interprète ukrainienne, Hanna, ils ont parcouru plusieurs villes du pays en guerre. Ils ont rencontré les maires, les directeurs d'hôpitaux mais ont aussi foulé des écoles. "Elles sont toutes fermées. À Truskawiec (à 40 km de Lviv - NDLR), l'une d'elles est devenue un dortoir. Avec des lits, une cantine, mais aussi une salle de sport. Les enseignants sont devenus bénévoles dans ces centres", témoigne le retraité.

Une  des écoles de Truskawiec est transformée en centre d'accueil.
Une des écoles de Truskawiec est transformée en centre d'accueil. Photo DR

Des blessures profondes

"Les familles polonaises qui accueillent des réfugiés (environ 2 500 à l'heure actuelle) commencent à s'essouffler. Le conflit dure, elles ont peur et veulent être sûres de continuer à être aidées par leur gouvernement", mentionne Jean Marchal. Gouvernement qui, lui-même, cherche le soutien durable de la Communauté Européenne. 

Lors de son voyage, Jean Marchal a remarqué des blessures profondes, surtout chez les enfants ukrainiens. "Leurs papas sont restés à la guerre. Les petits commencent à développer des symptômes psychologiques", alarme le bénévole. Lors de la prochaine action du Secours Populaire avec le PKPS, une aide psychologique va être mise en place pour être à l'écoute de ces enfants dans le centre d'accueil de Przemysl. Un problème se pose : il faut trouver des professionnels ukrainiens pour ne pas se retrouver coincé face à la barrière de la langue. 

Des enfants ukrainiens réfugiés dans leur école.
Des enfants ukrainiens réfugiés dans leur école. Photo DR

De retour en France depuis le 13 avril, le travail solidaire de Jean Marchal n'est pas terminé. Le Secours Populaire Français rédige un partenariat plus important vis-à-vis de PKPS pour continuer à les soutenir tant que nécessaire.

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