Commerce à Dinan : même Les Terny Thés a une fin

Ce commerce de Dinan qui, après avoir été un salon de thé couru, s'est spécialisé dans la vente de plaques publicitaires en émail fermera le 28 mai. Il liquide son stock. 

Les Terny Thés DiInan Claude Terny
Claude Terny, près des centaines de plaques publicitaires en émail.  ©Le Petit Bleu des Côtes d'Armor.
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Même Les Terny Thés ne dure pas. Le magasin fermera ses portes le 28 mai après 20 ans d’activités.

Ce commerce avait d’abord été salon de thé, d’où le jeu de mot composé avec le nom des gérants, Christine et Claude Terny. Mais ce dernier, avec le recul, n’est plus certain que c’était une bonne idée :

« Les gens cherchaient un magasin L’éternité dans la rue de la Poissonnerie et ne le trouvaient pas. » 

Une petite institution

Cela n’a pas empêché le salon de thé de devenir une petite institution au cours des années 2000. Le rez-de-chaussée du premier commerce s’étendait sur 200m2. Le couple, venu de la région parisienne, avait donc aisément pu créer un espace pour les enfants. Ce qui permettait aux parents de goûter tranquillement aux multiples variétés d’infusions proposées, se rappelle Claude Terny : 

« Nous qui avions sillonné l’Irlande, l’Ecosse, la Grande-Bretagne, voulions montrer que le thé, ce n’est pas quelque chose de guindé. Ou à l’opposé, la théière en métal contenant un sachet bas de gamme posée sur la table en formica. »

Surtout s’il y avait quelque chose à déguster avec le délicat breuvage ! Christine Terny confectionnait elle-même les pâtisseries. Ses scones et autres fondants au chocolat ont fait la réputation de l’établissement où se déployaient 60 places. Plus une vingtaine en terrasse : consommer dehors, cela valait mieux pour les fumeurs car Claude Terny, qui ne supporte pas l’odeur, avait banni le tabac avant la loi de 2007.

Les Terny Thés Dinan
Le magasin ferme le 28 mai.  ©Le Petit Bleu des Côtes d'Armor.

Des plaques en émail

Autre particularité des lieux, la vaisselle en porcelaine « qui n’est pas de chine » et va de pair avec le thé. Mais surtout les plaques publicitaires en émail qui plongeaient les visiteurs dans une forme de nostalgie : vache qui rit, Coca, Citroën HP5, Renault des années cinquante.

« Elles aussi sont, pour la plupart fabriquées en France. Ce type de commerce s’est développé, mais nous nous distinguons de nombreux concurrents sur le plan de la qualité. » 

Il faut dire que Claude Terny, 59 ans, aime les « les souvenirs d’enfance. On ne garde que les meilleurs. » Avec une prédilection pour les voitures anciennes – il collectionnait les miniatures – même s’il roule à l’électrique aujourd’hui.

Les Terny Thés Dinan
Quelques plaques qu'il appelle 'Tôles'.  ©Le Petit Bleu des Côtes d'Armor.

« Aujourd’hui tout va très vite »

« J’ai possédé 6 ou 7 deux chevaux que j’ai parfois remontées. Les voitures n’étaient pas toutes pareilles, elles avaient du caractère. Celle que je regrette franchement, c’est mon coupé Bertone Alfa Roméo. Quant aux plaques en émail, je trouve que la publicité était plus poétique et naïve qu’aujourd’hui. Et elles étaient faites pour durer. On peignait la réclame sur les murs de maisons afin que cela dure. Aujourd’hui, tout va très vite. » 

Au point qu’il veut désormais lever le pied et va chercher un travail moins chronophage, avant la retraite.

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Claude Terny n’est pas un passéiste. Plutôt quelqu’un qui sent la nécessité d’en finir avec la surconsommation :

« J’ai depuis près de 20 ans, la même caisse enregistreuse, le même ordinateur. Pourquoi changer de smartphone tous les deux ans, s’il fonctionne encore ? »

Dès lors, le thé, les plaques en émail, sont-ils indispensables ?

« Non, mais il ne faut pas se priver, tout de même. J’ai parfois invité les clients à réfléchir et revenir plus tard, s’ils hésitaient dans leurs achats. » 

Claude Therny Les Therny Thés Dinan
Claude Terny, au comptoir, devant ses nombreuses boîtes de Thé. ©Le Petit Bleu des Côtes d'Armor.

Le commerce a traversé la rue

A quelques jours de la fermeture, les acheteurs ne veulent pas rater les rabais sur ces belles plaques qui trônent parmi les tasses, les gadgets, la vaisselle et les 120 référence de thé que Claude Terny a continué à proposer lorsque son enseigne a traversé la rue pour ne plus se consacrer qu’à la vente.

C’était en 2013. Son épouse avait repris un autre travail. Lui, seul, ne pouvait plus assumer la partie salon de thé : « J’étais débordé »,  avoue ce Picard d’origine qui ne comptait pas ses heures dans ses autres vies. Il a notamment travaillé dans la grande distribution alimentaire après s’être formé à la fabrication mécanique :

« J’aurais dû travailler en bureau d’étude mais j’ai toujours préféré le cambouis. »  

C’est une activité différente qui lui succèdera mais Claude Terny ne dévoile rien de son successeur :

« Je peux juste dire qu’on y vendra des produits de qualité et souvent de fabrication française. » 

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Les Terny Thés, rue de la Poissonnerie, liquide jusqu’au 28 mai. Les surplus seront ensuite écoulés lors de vide-greniers.

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