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« J’ai démissionné de mon cabinet de conseil après des mois d’interrogations sur le sens de mon travail »

« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. Cette semaine, Victor Cannilla, 29 ans, raconte sa démission d’un grand cabinet de conseil en stratégie quand il comprend que ses missions sont en contradiction avec ses convictions.

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Publié le 21 mai 2022 à 09h00, modifié le 08 septembre 2022 à 10h47

Temps de Lecture 4 min.

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Quand j’ai démissionné, en mars 2021, cela faisait déjà plusieurs mois que j’étais arrivé au bout d’une réflexion et d’une colère sur l’essence et le sens de mon travail. Je travaillais à Genève comme consultant au BCG, l’un des plus prestigieux cabinets de conseil en stratégie, qui fait partie des “Big three” (les trois plus grands cabinets : McKinsey & Company, Boston Consulting Group et Bain & Company). Lors d’une réunion mensuelle, j’ai demandé cinq minutes de prise de parole à mon supérieur : j’ai profité de cette tribune pour expliquer les raisons de ma démission.

D’une certaine façon, si les ONG n’existaient pas, les multinationales les auraient inventées

Je venais d’achever une année de travail en tant que consultant détaché pour le World Wildlife Fund (WWF). Je pensais, candidement, pouvoir compenser certaines tares liées au fonctionnement des multinationales en travaillant pour une ONG. Or c’est le contraire qui s’est produit : je venais de comprendre que rien de ce que nous faisions n’allait dans le bon sens et que si les ONG faisaient un travail considérable de médiatisation des sujets importants, comme la perte de la biodiversité, elles faisaient aussi partie d’un système de pouvoir et de relations interétatiques. D’une certaine façon, si les ONG n’existaient pas, les multinationales les auraient inventées. Leur rôle officieux contribue à l’immobilisme général et à l’impression que tout est sous contrôle, notamment dans le cadre de ces accords internationaux et ces conférences diplomatiques peu contraignantes.

Nourrir l’espoir de changer le monde

Avant de demander à être détaché au WWF, j’avais participé à des missions sur le déploiement de la 5G, j’avais vécu pour une mission en Arabie saoudite au Ritz Carlton, juste après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, et contribué à un projet pour l’industrie agroalimentaire. Trois projets de suite qui m’avaient tapé sur les nerfs. A ce moment-là, être consultant dans une ONG et préparer les différentes COP me paraissait être un travail moins nuisible.

Depuis tout petit, je nourris l’espoir – qui peut sembler un peu bête – de changer le monde. J’ai grandi avec un sentiment de révolte et de revanche sociale lié à mon enfance. Je suis issu d’une famille immigrée du Portugal et d’Italie. Mes parents étaient employés du Golf Club de Lausanne, fréquenté par la grande bourgeoisie locale. Petit, je jouais au golf avec leurs enfants avec qui j’ai conservé des liens d’amitié. De cette enfance, j’ai gardé un dégoût des inégalités sociales et de ce qui est statué pour vous à votre naissance. J’étais un enfant curieux et très bon élève, surtout en maths, mais aussi, me disait-on, un peu pénible pour les adultes, à poser tout le temps des questions et à être « allergique » à l’autorité.

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